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PORTRAIT D'ALUMNI JONATHAN GARNIER, ISG PROMO 2012, PROJECT DEVELOPMENT -APJ@CANONICAL A TOKYO, UN REGARD TRES PASSIONNE ET PASSIONNANT SUR LE JAPON !

06 juillet 2023 Association
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Florence Delsaux : Bonjour Jonathan, peux-tu nous parler de ton parcours depuis ta sortie de l’ISG?

 

Jonathan Garnier : Bonjour Florence, cela a été plus difficile que je ne l’aurais souhaité mais logique compte-tenu des choix que j’ai effectué avant, pendant, et après l’ISG.

 

Mon choix se portant sur une installation au long terme au Japon et ne maîtrisant pas le japonais à un niveau professionnel, il était difficile d’intéresser les entreprises sur place. J’ai donc choisi de prendre le taureau par les cornes et de bâtir l’expérience qui me donnerait la crédibilité nécessaire sur le marché du travail. Pour cela, je suis venu en visa vacances-travail avec l’objectif de démarrer au bas de l’échelle et de creuser mon trou. J’ai très vite compris que je n’irai nulle part avec des petits jobs et ai donc décidé de monter une entreprise ici avec un autre étranger rencontré tôt dans mon séjour.

L’idée était de me baser sur mes acquis de l’ISG et sur l’expérience entrepreneuriale de mon associé. L’expérience a été catastrophique, mon associé n’étant au final ni le mentor nécessaire à mon développement ni le partenaire nécessaire à la croissance de la société. Tout aussi difficile que fût cette expérience, cela m’a permis d’acquérir l’expérience, la volonté, la résistance nécessaire pour repartir de l’avant et être embauché par une entreprise locale dont l’activité était d’aider les étudiants à obtenir une expérience à l’international.

 

J’ai passé de très bonnes années dans cette entreprise avec un manager que j’adorais. C’est lui qui a vu mon potentiel et m’a donné la chance de rejoindre son équipe à un moment où mon CV était, soyons honnête, ridicule. Malgré des résultats indéniables et le soutien actif de mon manager, il devint apparent après 3 ans que j’avais atteint un plafond et qu’aucune perspective de croissance n’existait dans la boîte.

 

C’est à ce moment que j’ai rejoins une entreprise Anglaise qui souhaitait démarrer leur activité au Japon. J’ai ouvert le bureau de Tokyo, recruté la team et mis tout en place en moins de 5 mois avant l’arrivée des premiers clients au Japon. Nous étions en mode start-up localement et faisions de très longues heures (6 jours / 7, 14-15h en moyenne)

 L'aventure a tourné court, le siège ayant une vision incompatible avec la réalité du marché et des lois, ce qui a poussé la totalité de l'équipe Japon à partir.

 

J'ai par la suite trouvé un rôle dans une société de consulting établie de longue date au Japon par des français. Je rejoignais une nouvelle division créée par un nouvel actionnaire.

À ma surprise, quelques mois seulement plus tard, je fus contacté par une entreprise dans le monde de l'IT avec qui j'avais été en contact précédemment. Leur besoin était de changer les auspices d'une équipe de vente qui n'atteignait pas ses objectifs, tout en créant une seconde équipe en Corée. Le challenge étant le type d'offre que l'on reçoit une fois dans sa vie, tant en terme de responsabilités, de rémunération immédiate et de perspectives de carrière, j'ai sauté sur l'occasion.

Les résultats furent là immédiatement, notre team étant la meilleure sur la région APAC. L'avenir s'annonçait radieux, jusqu'à une restructuration du management au HQ qui déboucha sur la décision de ne pas reconduire mon contrat, l'idée étant qu'une personne parlant le japonais nativement garantirait des résultats plus élevés.

 

J'ai depuis intégré une autre société dans le monde de l'IT, dans l'open source cette fois ci et je couvre toute la région APAC. Nous sommes plus ou moins méconnus du grand public mais nos technologies sont une des pièces maitresses de l'Internet.

 

FD : Tu as fait multinational et suite à l' immersion au Japon tu n'en es pas reparti, qu' est ce qui a fait que tu a été séduit par ce pays?

 

JG : Enfant, je souhaitais devenir volcanologue, j’ai donc toujours eu le Japon dans un coin de ma tête. Notre génération a aussi été fortement influencée par la culture japonaise qui a cette époque était partout (télé, jeux-vidéos, mangas). Venir ici pour quelques précieuses semaines grâce à l’ISG m’a permis de voir le pays, les gens, la culture de l’intérieur. C’est à ce moment que j’ai réalisé “je suis là où je dois être, fais ce qu’il faut pour t’y installer”.

 

Il n’y a pas de point particulier qui m’a fait venir, c’est un mix de tout qui fait que je me sens dans mon élément. Il y a évidemment des points négatifs et des facettes de la société qui ont tendance à énerver, mais il faut se rappeler qu’il y a une logique derrière. On peut ne pas l’apprécier, mais on se doit d’essayer de la comprendre.

 

Pour faire simple cependant, je dirai que les points suivants sont clairement des raisons qui me poussent à rester. Les gens sont sympathiques, surtout dans mon petit coin de la région de Tokyo/Yokohama, la nourriture est fantastique, le pays est magnifique (surtout à moto), le coût de la vie n’est pas si prohibitif que l’on ne l’imagine depuis l’étranger, la culture est stimulante, l’histoire est passionnante, l’insécurité est quasi inexistante.

 

 

FD : Ton parcours à été rempli de rebondissements, penses tu que c’est l’agilité que tu as acquise à l’ISG qui t’a permis de toujours rebondir?

 

JG : L’agilité a toujours été là, je dirais que l’ISG m’a permis de trouver l’équilibre qui me manquait entre agilité et rigidité, de comprendre certaines choses qui m’avaient jusque là échappées. Il est clair que sans mon expérience à l’ISG je n’aurais pas su comment prévenir, gérer et résoudre certaines situations dans ma carrière.

 

 

FD : Quels conseils donnerais tu à un étudiant qui souhaiterait s'installer au Japon ?

 

JG : Comme tous les pays, le Japon a des aspects qui peuvent plaire et d’autres qui peuvent déplaire. L’ISG m’a permis de mener mon expérience, à savoir si j’appréciais le Japon depuis l’étranger ou en tant que local. 2 mois d’échange universitaire, suivis de 6 mois de stage de fin d’études et 1 an de visa vacances-travail m’ont permis de confirmer, re-confirmer et enfin m’assurer que le Japon était là où je voulais vivre et travailler. Mon conseil principal serait donc de rechercher et comprendre les tenants et aboutissants de l’aventure à venir. Visiter, plusieurs fois, dans différentes conditions et avec différents objectifs, avant de se décider à s’installer ici est une solution qui aidera dans cette optique.

 

L’autre conseil primordial pour rendre l’installation et la carrière bien plus aisée que mon expérience ne fût est d’investir dans la maitrise, poussée, de la langue. Je prendrai pour exemple Thierry Consigny, Nicolas Di Costanzo, Laurent Patouillet et plus récemment Rémi Laveille ou Fabien Mizart, des ISG,  qui sont tous des exemples de réussite à mes yeux.

 

Si le but est de s’installer pour plus de 5 ans, et même si l’idée d’origine n’est pas celle-ci, se renseigner sur les différents points rendra la vie plus simple: visa de résident permanent, l’imposition en tant qu’étranger, les mariages, naissances, divorces et décès.

 

 

FD : On décrit souvent le Japon comme très insulaire tu me disais que finalement les années COVID et la multiplication des visio avec l' extérieur avait changé le mindset des japonais, tu nous en parles?

 

JG : Je dirais que l’expérience sera différente pour chaque personne donc je me limiterai à donner un aperçu de ce que j’ai vécu et vu.

En ce qui me concerne, il y a un avant et après Covid clair d’un point de vue professionnel, moins d’un point de vue sociétal. Avant le Covid, mes journées étaient rythmées par métro / boulot / dodo. 90 minutes de transport aller, 10h de travail dans un open space typique d’une SME ici, 90 minutes de transport retour. Les bons jours. En cas de suicide ou d’accident sur les lignes de train, faire la navette entre la maison et le travail était encore moins sympathique…

 

Le Covid a eu l’avantage de montrer les limitations du système en place et dès lors nous avons vu 2 visions en compétition. Les sociétés dynamiques et ouvertes sur l’étranger ont décidé que la clé pour garder leurs meilleurs éléments et continuer à grandir était de s’adapter; les sociétés plus classiques dans leur approche ont soit décidé de maintenir le travail au bureau ou un mix assez restrictif. Pour ma part je suis en full remote depuis Mai 2020 et en apprécie les avantages. Je participe régulièrement à des expositions mais ne vais que rarement au bureau.

 

Nous sommes désormais dans une phase où plus de flexibilité existe clairement dans les offres d’emploi, mais le Japon reste très attaché au travail au bureau. Ce qui est net cependant est le fait que les Japonais ont majoritairement adopté le concept de rendez-vous via vidéo.

 

 

FD : Enfin aurais tu un souvenir de l’ISG que tu souhaiterais partager avec nous?

 

JG : Pas un en particulier, plutôt la satisfaction d’avoir fait le bon choix qui m’a permis d’avoir la vie que j’ai désormais. Cela m’a permis de rencontrer des professeurs, camarades et alumni tous plus intéressants les uns que les autres, grâce à qui j’ai pu me développer en tant qu’individu et professionnel. Je partais de loin, ils m’ont beaucoup aidé. Notre année à l’étranger (Japon, Chine, Hong Kong, USA) fût évidemment un moment marquant dont je garderai toujours de bons souvenirs.

 

Merci Jonathan ! 

Florence 

 

 




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